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Souvenirs
Le 8 mai 1945 je rentrais à la maison avec mon cartable sur les épaules, avenue du Puig del mas, en fin de journée scolaire.
Alors que je me trouvais au virage de la Cave Coopérative l'Etoile, tout près du magnifique olivier actuel, j'entendis un poste radio qui hurlait à fond dans la maison proche de la cave. Le propriétaire avait laissé les fenêtres ouvertes pour que tout le monde entende : "L'Allemagne vient de signer l'armistice, la guerre est finie !" Suivait la classique et éternelle "Marseillaise "
Je pris mes jambes à mon cou et sans m'arrêter j'arrivai au Puig del Mas. J'annonçai la nouvelle à maman. Papa n'était pas là.
Elle me serra contre elle, je sens encore son tablier sur ma joue car j'étais de petite taille, puis ouvrit le tiroir droit de l'armoire de la cuisine, en sortit de l'argent, me le donna et me dit : "Vas vite t'acheter du chocolat chez la "Pernoute". C'était une des trois épiceries du Puig del Mas, la plus proche. C'est un souvenir éternel. Le chocolat était rare et cher ! Le soir, malgré mon jeune âge (10 ans 1/2) j'eus le droit de descendre au village où les gens faisaient la fête. On dansait sur la place. Je me souviens aussi que ce fût ce jour-là où j'arrivai pour la première fois à siffler avec deux doigts dans ma bouche ! Je me souviens encore de l'endroit précis où, stupéfait de l'exploit, j'entendis ce sifflement sortir de mes lèvres. Cela faisait des mois que je m'entraînais sans y parvenir. C'était en remontant, pas trop tard, avenue du Puig del Mas. Je pourrais vous y conduire les yeux fermés ! Et siffler à nouveau !
Et surtout ne me dites pas "chiche" !
Les jeunes élus !
En vous lisant, Albert, il me revient en mémoire ces moments uniques du 8 mai 1945.
D'origine parisienne, j'étais à Montmartre dans l'appartement de mes parents avec ma mère et mon frère aîné.J'allais avoir 5 ans et j'ai encore dans les oreilles le son merveilleux des cloches de toutes les église de Paris (en particulier celui de la Savoyarde de la Basilique du Sacré Coeur) qui se sont mises à sonner à l'unisson pour annoncer la victoire des alliés après la capitulation allemande.
Aussitôt, nous sommes partis à pied avec des amis et voisins vers la place de la Concorde où tous les parisiens se rassemblaient pour fêter cette délivrance.
J'étais juchée sur les épaules d'un voisin afin de voir ce qui se passait et éviter d'être étouffée par la foule.
C'était un moment irréel pour moi et tout est gravé dans ma mémoire à jamais. L'émotion était à son comble quand toute la foule chantait la Marseillaise.
En fait, j'attendais le retour de mon papa que je ne connaissais pas puisqu'il avait été fait prisonnier bien avant ma naissance.
Mon souhait a été exaucé puisqu'il est revenu trois mois plus tard.
Je ne savais pas que bien plus tard j'épouserais mon mari (d'origine banyulencque par sa mère) et que je viendrais finir mes jours dans ce Roussillon où je me sens si bien.
Un grand merci à vous, Albert, de nous permettre d'évoquer ainsi ces moments qui ont marqué non seulement l'histoire de notre pays mais aussi notre histoire personnelle.
Françoise
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Je m'associe au "grand merci" de Françoise, vraiment Albert il n'y a que vous pour bousculer les mémoires.
Il faut avoir vécu ces jours glorieux pour être ému à chaque anniversaire.
Moi aussi je vivais à Paris, moi aussi j'étais sur les épaules de mon tonton aux Champs Elysées, moi aussi j'attendais mon père prisonnier depuis cinq ans et que je ne connaissais pas.
La suite est sans intérêt, mais même très très jeune, il y a des évènements qui vous marquent pour la vie.
Chiche pour m'apprendre à siffler ??
Martine.
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Si quelqu'un a le temps, qu'il lance une recherche mondiale aux souvenirs de ce jour mémorable. Chiche ! L'idée sera partie de Cap d'Oune ! Donc de Banyuls !
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